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Suspense, passion et incertitude : le public plébiscite le relais 4 x 400 m mixte

Après les débuts tapageurs de l’épreuve cette année lors des Relais mondiaux de l’IAAF, la star de l’athlétisme Steven Gardiner prédit qu’on dansera dans les rues des Bahamas lorsque les athlètes du relais 4 x 400 m mixte se présenteront sur la ligne de départ aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020.

« Ça risque d’être incroyable, car la plupart des pays sont petits et ne disposent pas d’une équipe complète de relais, si bien que le relais mixte va offrir à beaucoup d’autres pays la chance de gagner une médaille aux Jeux Olympiques », dit Steven Gardiner, âgé de 21 ans. Et d’ajouter dans un large sourire : « Les Bahamas par exemple. »

Et il sait de quoi il parle ! En avril, Gardiner faisait partie du quatuor qui s’est rué vers l’or devant son public, à l’occasion du 4 x 400 m mixte des Relais Mondiaux de la Fédération internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF). Cette course constituait à bien des égards une avant-première idéale du récent ajout de l’épreuve au programme olympique.

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« C’était exceptionnel. La plupart du temps, on n’a pas l’occasion de courir avec les filles. Cela a été une superbe expérience », dit Gardiner avec un enthousiasme contagieux pour la nouvelle épreuve.

Le Bahaméen était associé à Shaunae Miller-Uibo, championne olympique du 400 m aux Jeux Olympiques de Rio 2016, Anthonique Strachan, championne du monde juniors du 100 m et du 200 m en 2012, et Michael Mathieu, deux participations olympiques au compteur. La première tâche du quatuor a été de choisir dans quel ordre courir pour affronter les puissantes équipes américaines et jamaïcaines. Déterminer cet ordre constitue, comme le reconnaît Gardiner, un élément essentiel du pouvoir d’attraction de l’épreuve.

« Nous avons décidé de faire courir les deux femmes entre les hommes. C’était un choix évident. À mon avis, mettre les deux filles au milieu, c’est la meilleure façon de procéder », dit le médaillé de bronze du 4 x 400 m de Rio 2016. « Ce qui était un peu compliqué en revanche, c’est qu’on ne savait pas qui on allait trouver en face de nous, un homme ou une femme, mais c’était sympa. »

Most of the time we don’t get to race with the girls. It was a great experience. Steven Gardiner

Cette question risque de susciter beaucoup d’intérêt et de faire couler beaucoup d’encre d’ici les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 : quel est exactement le meilleur ordre pour courir ? Lors de la finale aux Bahamas, les Jamaïcains ont épousé la cause de Gardiner et placé leurs deux relayeurs masculins de part et d’autre des athlètes féminines, à la différence des États-Unis qui ont opté pour l’alternance : un homme - une femme, un homme - une femme. Résultat, le spectacle était à l’arrivée, avec une publicité idéale pour l’épreuve.

Grâce à une démonstration fulgurante de 400 m effectuée tant par Gardiner que par Shaunae Miller-Uibo, l’équipe locale possédait une avance significative de cinq secondes sur les États-Unis à mi-course, alors que les autres équipes étaient largement distancées. Et c’est à ce moment de la course que les deux stratégies divergentes sont entrées en action : l’Américain Paul Dedewo, crédité d’un record personnel de 45 s 14 sur le tour de piste, a hérité du témoin et s’est lancé à la poursuite de la Bahaméenne Anthonique Strachan.

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« C’était un peu surprenant à voir. Comme elle [Strachan] n’avait pas 50 m d’avance au départ, je savais qu’il [Dedewo] allait la rattraper. Mais on n’a jamais cédé à la panique, car on était deuxièmes et il nous restait un gars pour le dernier relais », indique Gardiner.

Si Dedewo a, comme il se doit, rattrapé et doublé Anthonique Strachan, il n’a pu donner à sa coéquipière Claudia Francis qu’un avantage de trois secondes avant le dernier relais. Cela n’a pas suffi.

« C’était assez excitant de voir Michael (Mathieu) remonter sur elle (Claudia Francis) et nous donner la victoire », poursuit Gardiner.

Les milliers de spectateurs présents dans un stade Thomas A. Robinson de Nassau comble ont totalement acquiescé. Plusieurs commentateurs ont même fait remarquer plus tard qu’ils n’avaient pratiquement jamais entendu de soutien aussi tonitruant que les clameurs destinées à Mathieu dans la dernière ligne droite.

« L’ambiance était à son comble et le public a été extraordinaire. Personne ne tenait en place », dit Gardiner en riant.

It was kind of tricky in that we didn’t know if it was going to be a male or a female on our leg, but it was fun. Steven Gardiner

Après que Gardiner a savouré l’atmosphère de son stade et fêté la victoire avec des partenaires avec lesquels il n’avait quasiment jamais eu l’occasion de courir, on peut comprendre pourquoi il estime que l’ajout de l’épreuve au programme de Tokyo 2020 est une « idée géniale ».

L’équipe bahaméenne constitue d’ailleurs un bon exemple du type de CNO pouvant espérer profiter des débuts olympiques de l’épreuve. Alors que la petite île des Caraïbes s’enorgueillit de posséder un relais 4 x 400 m masculin de classe mondiale, son équipe féminine n‘a pas réussi à se qualifier pour la finale olympique, l’été dernier à Rio de Janeiro. Mettez cependant les deux groupes ensemble et vous disposerez d’un quatuor potentiellement en or.

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Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que Gardiner, qui a signé en début de saison un nouveau record national du 400 m de 44 s 26, soit « très emballé » par cette perspective.

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