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De belles premières et des confirmations en taekwondo à Rio 2016

Chez les hommes, Ahmad Abughaush pour la Jordanie et Cheik Sallah Cissé pour la Côte d’Ivoire ont remporté les premiers titres de leur pays aux Jeux Olympiques, tandis que Zhao Shuai a ouvert le compteur de la Chine en taekwondo masculin. Du côté des dames, outre la Britannique Jade Jones, la seule à conserver son titre, l’Iranienne KIma Alizadeh et l’Egyptienne Hedaya Wahba ont aussi signé de belles premières !

Kim So-hui (République de Corée) a été sacrée championne olympique dans la catégorie des - 49 kg, premier titre de taekwondo décerné le 17 août sur le tatami de l’Arena Carioca 3, après avoir battu en finale la jeune Serbe Tijana Bogdanovic (7-6).

Dans cette catégorie, le rêve de la double tenante du titre chinoise Wu Jingyu de devenir la première taekwondoïste de l’histoire à remporter trois médailles d’or s’est arrêté en quart de finale sur une défaite face à Tijana Bogdanovic 17-7. La championne du monde en titre thaïlandaise Panipak Wongpattanakit a elle aussi perdu en quarts, face à Kim So-hui 6-5. Pour accéder ensuite à la finale, Kim a dû s’imposer au golden score , 1-0 au bout du suspense face à la Française Yasmina Aziez. Dans l’autre demi-finale, Bogdanovic (18 ans) a fait très mal à la Mexicaine Itzel Manjarrez, 10-0 et trois coups de pieds portés à la tête.

En finale, Kim So-hui s'est imposée sur le fil après avoir été mise à mal par la Serbe dans la 3e et dernière manche, encaissant 4 points, alors qu'elle avait pris les deux premiers rounds à son compte. La taekwondoïste de la République de Corée, dont le père a fait de la gymnastique artistique à haut niveau, a fait un retour marquant cette saison après une année 2015 difficile.

© Getty Images
A 22 ans, elle s'offre sa première médaille olympique après avoir décroché deux titres mondiaux en 2011 et 2013. « Je ne m’attendais même pas à devenir championne olympique, a réagi Kim. J’ai vraiment donné tout ce que j’ai pu et j’ai maintenant la tête dans les étoiles! »

L’adolescente Tijana Bogdanovic avait pour sa part fait forte impression en 2014, en remportant le titre mondial chez les juniors. Depuis, elle n'a cessé de progresser. Nommée meilleure jeune athlète de l'année en 2015 en Serbie, elle a remporté son premier grand titre en 2016 aux Championnats d’Europe.

Panipak Wongpattanakit a tracé sa route en repêchages pour aller quérir le bronze avec autorité (victoire par écart de points) face à Itzel Manjarrez, 15-3. L’Azérie Patimat Abakarova, battue au premier tour par Bogdanovic, a elle aussi traversé victorieusement les repêchages pour priver Wu Jingyu du podium et pour terminer, dans l’autre match pour la 3e place, par dominer Yasmina Aziez 7-2.

Zhao Shuai, premier champion olympique chinois de taekwondo

Le premier titre masculin dans la même soirée du 17 août est revenu au Chinois Zhao Shuai dans la catégorie - 58 kg. Il a battu en finale le Thaïlandais Tawin Hanprab (6-4). Le Dominicain Luisito Pie et Kim Tae-hun (République de Corée) ont décroché le bronze.

48 heures après avoir fêté ses 21 ans, Zhao Shuai a fait une entrée fracassante chez les cracks de la discipline en remportant l'or olympique, tout simplement son premier grand titre. L'athlète au physique très longiligne (1,88 m) n'avait guère fait mieux jusque-là qu'une médaille de bronze aux Championnats du monde en 2015. A Rio, il a donné la preuve de sa maturité technique en dominant nettement tous ses adversaires, un à un. Quant au parcours de Tawin Hanprab, il a permis à deux des taekwondoïstes qu’il a éliminés, Kim Tae-hun (République de Corée) au premier tour et Luisito Pie (République dominicaine) en demi-finale, de triompher ensuite chacun de leur côté dans les finales pour les médailles de bronze.

Zhao a dominé globalement la finale, même si son adversaire thaïlandais l’a mis en danger avec un coup de pied à la tête dans le 2e round. Mais Zhao n’a pas tremblé pour s’imposer 6-4 et remporter le 7e titre olympique de la Chine en taekwondo, mais le tout premier chez les hommes! Zhao Shuai pratique le taekwondo depuis l’âge de 11 ans et n'avait qu'un objectif: gagner l'or à Rio 2016. Tawin Hanprab n'a pas réussi à le faire, lui, mais le jeune Thaïlandais de 18 ans a réalisé une solide et impressionnante performance en se hissant en finale des Jeux Olympiques, la toute première grande compétition de niveau mondial de sa carrière.

Le champion olympique chinois ne doute pas que son triomphe au Brésil va lui servir de tremplin pour de futurs succès. « Gagner cette médaille d’or signifie que l’avenir du taekwondo masculin chinois peut être brillant et que nous pouvons gagner de plus en plus d’or. Ce n’est pas une victoire individuelle, c’est celle de toute une équipe. Je suis très excité. C’est encore incroyable ! »

Ahmad Abughaush ouvre le compteur de la Jordanie

En remportant le 18 août le titre des - 68kg, Ahmad Abughaush a offert à la Jordanie sa première médaille dans l'histoire des Jeux Olympiques. La plus belle! Il a battu en finale le Russe Alexey Denisenko. L’Espagnol Joel Gonzalez Bonilla et le taekwondoïste de la République de Corée Lee Dae-hoon, qui s’étaient affrontés en finale des - 58kg à Londres 2012, ont cette fois décroché le bronze.

Ahmad Abughaush avait déjà écrit une page d’histoire en obtenant sa place en finale face à Alexey Denisenko. Et pas n’importe comment : en battant les deux finalistes des Jeux 2012 chez les - 58kg, Lee Dae-hoon en quarts de finale (11-8) et le champion olympique Joel Gonzalez Bonilla en demi-finale (12-7). Il était assuré alors de l’or ou de l’argent, un premier podium historique.

Mais l’étudiant d’Amman en voulait beaucoup plus! Abughaush a ouvert le score dans le 2e round de la finale en envoyant un coup de pied de haute précision dans le plastron de son adversaire. Le Jordanien a ensuite placé deux coups de pied à la tête dans le 3e round pour se ménager une confortable victoire 10-6.

Le Jordanien, âgé de 20 ans, était inconnu à ce niveau de performance. Avant son arrivée à Rio, il affichait comme meilleure performance une qualification pour le 2e tour des Championnats du monde 2015 à Tcheliabinsk. Denisenko a pour sa part remporté une médaille dans la nouvelle catégorie devenue sienne après les Jeux de Londres, où il avait obtenu le bronze en - 58 kg.

Le Russe a été à Rio le tombeur du champion olympique en titre, le Turc Servet Tazegül. Ce dernier a laissé filer son titre et quitté Rio sans même les honneurs d'un podium. Il a été battu en quarts de finale puis a encore perdu son match de repêchage.

« C’est un sentiment indescriptible que de gagner la première médaille de la Jordanie aux Jeux Olympiques. C’est aussi génial d’entendre l’hymne national joué à Rio pour le monde entier ! », a dit Ahmad Abughaush.

Jade Jones remet ça, des premières historique sur le podium des - 57kg

Lors de cette 2e journée de taekwondo, la Britannique Jade Jones a conservé son titre de championne olympique des moins de 57 kg face à l'Espagnole Eva Calvo. Jones a largement dominé l'Espagnole 16-7 pour conserver la couronne qu'elle avait coiffée en 2012, au nez des taekwondoïstes de la République de Corée, encore jamais battues jusque-là aux Jeux.

Depuis son sacre devant son public à Londres, Jones n'a pas réussi à conquérir le titre mondial, mais a remporté une médaille d'or aux premiers Jeux européens en 2015. En mai, elle s'est érigée en favorite pour Rio après avoir glané l'or aux Championnats d’Europe. Eva Calvo Gomez a participé pour sa part à ses premiers Jeux. Agée de 25 ans, elle est devenue la première Espagnole à monter sur le podium en moins de 57 kg.

« J’étais déjà si fière de moi d’atteindre à nouveau la finale, alors j’ai pensé qu’il n’y avait plus aucune pression et que je pouvais aller à fond dans ce combat », a dit Jade Jones, désormais double championne olympique. « Je voulais devenir une légende, une double tenante du titre à 23 ans. Et je ne peux pas y croire. Beaucoup de gens ignorent à quel point c’est mentalement difficile et épuisant. Ce résultat montre que le travail acharné finit par payer. »

Son adversaire Eva Calvo était absolument ravie de monter sur le podium. « Cela veut tout dire !

J’ai énormément travaillé ces quatre dernières années pour cette médaille. Même lorsque j’ai commencé le taekwondo, c’était avec cette idée en tête. Je suis si heureuse ! Quand le combat s’est achevé, j’étais un peu triste, mais maintenant, je suis folle de bonheur avec cette médaille autour du cou. »

Pour accéder à la finale, Eva Calvo a éliminé l’Iranienne Kimia Alizadeh en quarts de finale, puis l’Égyptienne Hedaya Wahba en demi-finale. Alizadeh a ensuite remporté son premier tour de repêchages, puis le match pour la médaille de bronze face à la Suédoise Nikita Glasnovic (battue en demi-finale par Jade Jones) 5-1. Wahba a, elle, a triomphé de la Belge Raheleh Asemani (élminée en quarts par la même Jade Jones) au golden score (1-0) dans l’autre petite finale. La médaille de Kimia Alizadeh Zenoozi, est la première aux Jeux Olympiques pour une Iranienne, alors que celle de Hedaya Malak Wahba est la première en taekwondo féminin pour l’Égypte.

Alizadeh a réagi : « Je suis si heureuse pour les filles iraniennes. C’est la première médaille et j’espère que nous décrocherons l’or aux prochains Jeux. Je suis très excitée et je remercie mes parents et mon entraîneur. Ils étaient vraiment derrière moi. Je suis si heureuse ! » Tout aussi joyeuse, Hedaya Wahba a dit : « Je voulais rendre les Égyptiens fiers. La médaille a énormément de sens, j’ai beaucoup travaillé pour ça. Je me suis entraînée tous les jours et je me suis quelque fois blessée, mais je me suis relevée et ça a fini par payer ! »

Cheick Sallah Cisssé offre à la Côte d’Ivoire sa toute première médaille d’or

Les compétitions de taekwondo se sont poursuivies le 19 août avec les - 80kg hommes et les - 67 kg dames. Résultat historique dans l’épreuve masculine, Cheick Sallah Cissé a remporté la première médaille d’or olympique de la Côte d’Ivoire, en signant une magnifique victoire aux dépens du Britannique Lutalo Muhammad en finale des - 80 kg, grâce à un coup de pied retourné à la tête porté à l’ultime seconde du combat.

Mené 6 à 4 par le combattant britannique dans les dernières secondes, Cissé a marqué quatre points supplémentaires, le maximum possible en un seul mouvement, grâce à un coup de pied arrière circulaire à la tête de Muhammad. Spectaculaire! « Nous étions à la toute dernière seconde, et j’ai mis en application ce qu’on avait travaillé à l’entraînement, a expliqué Cissé à propos de son mouvement victorieux. Nous nous sommes entraînés pour différentes situations, notamment lorsqu’il ne reste que quelques secondes. J’ai appris ça à l’entraînement et ça a marché. C’est de l’ordre du réflexe. »

« J’ai pu réaliser ce rêve à force de courage et de passion. Il suffit de croire en ses rêves, j’en suis le parfait exemple, on peut arriver à tout si on y croit. Cette médaille d’or est la récompense de deux années de travail acharné. J’ai commencé en 2013 et me voici. Je suis très fier de ma médaille. »

Très affecté, Muhammad, qui avait gagné du bronze à Londres 2012, était sous le choc après avoir laissé échapper la médaille d’or à l’ultime seconde. « J’étais à deux doigts d’atteindre l’objectif de toute ma vie. Malheureusement, j’ai échoué littéralement à la dernière seconde. C’est évidemment une déception car je voulais être champion olympique aujourd’hui. »

L’Azéri Milad Beigi Harchegani et le Tunisien Oussama Oueslati se sont partagé le bronze. Pour y parvenir, Oueslati, qui a apporté à son pays sa première médaille olympique en taekwondo, a battu le double champion olympique américain Steven Lopez.

Oh obtient l’or pour ses débuts olympiques

Chez les femmes, la finale des - 67 kg entre Oh Hye-ri de la République de Corée et la Française Haby Niaré a été elle aussi pleine de suspense. La Française a remporté la première reprise, mais la Coréenne lui a rendu la monnaie de sa pièce dans la deuxième. Haby Niaré est revenue dans la troisième et dernière reprise, mais c’est finalement Oh qui a obtenu la victoire 13-12.

« Il m’a fallu trois tentatives pour aller aux Jeux Olympiques, a souligné Oh qui débutait sur la scène olympique, et la troisième a été la bonne. Et pour mes premiers pas, je remporte l’or. Je ne réalise pas encore. J’ai rencontré beaucoup de difficultés lors de ma préparation pour ces Jeux et c’est d’autant plus sublime. »

« Une reprise dure deux minutes et il faut être vigilant en permanence, a expliqué Haby Niaré. Je suis revenue, mais malheureusement, cela n’a pas suffi et j’ai perdu d’un point. Je suis sortie quelques secondes de mon combat. C’est ce genre d’erreurs qui vous font avancer. Quand on ne pense qu’à la médaille d’or, on reçoit comme un gros coup sur la tête sur le moment, mais finalement, je me rends compte que c’est magnifique ce que j’ai fait. »

Les deux médailles de bronze ont été obtenues par l’Ivoirienne Ruth Gbagbi (deux médailles en une seule journée pour le pays africain!) et par la Turque Nur Tatar, vice-championne olympique à Londres 2012, qui ont respectivement dominé de façon très nette l’Azerie Farida Azizova (7-1) et la taekwondoïste de Chinese Taipei Chuang-Chia-Chia 7-3.

Radik Isaev et Zheng Shuyin, derniers médaillés d’or du taekwondo

Radik Isaev a décroché la première médaille d’or en taekwondo pour l’Azerbaïdjan dans la catégorie + 80 kg hommes, tandis que chez les dames la Chinoise Zheng Shuyin a vaincu la Mexicaine María del Rosario Espinoza, pourtant plus expérimentée, en finale des + 67 kg, les deux derniers titres décernés le 20 août sur le tatami de l’Arena Carioca 3.

L’Azéri Radik Isaev a complété une collection royale en remportant la médaille d’or à Rio, après avoir gagné le titre européen (2014), les Jeux Européens de Bakou (2015) et les championnats du monde de Tcheliabinsk la même année. Il a mené un parcours irrésisistible ce 20 août, jamais en danger face à ses rivaux successifs à partir des huitièmes de finale. Pour l’or, il a affronté le Nigérien Abdoulrazak Issoufou Alfaga, lui aussi très performant tout au long de la journée. Le combat a démarré doucement, le score restant nul tout au long du premier round, puis Isaev a pris le dessus en portant un coup à la tête de son adversaire au second round et un autre au troisième, pour finir sur un score de 6-2.

« Je ne pensais pas du tout à l’or. Je voulais juste une médaille pour n’être pas venu pour rien. Et je suis arrivé jusqu’en finale. Chaque combat a été difficile, aussi bien psychologiquement que physiquement. Nous attendions cette médaille depuis longtemps et nous avons tous travaillé dur pour l’obtenir », explique Isaev au sujet de cette première médaille d’or en taekwondo pour l’Azerbaïdjan.

L’argent d’Issoufou Alfaga est la deuxième médaille olympique du Niger dans toute l’histoire des Jeux, la première datant de 1972, quand le boxeur Issaka Daboré avait décroché le bronze. Fier de son exploit historique et du succès des autres taekwondoïstes africains à Rio 2016, Issoufou Alfaga a déclaré : « Mon objectif était de remporter une seconde médaille pour mon pays. Les Jeux Olympiques sont une compétition extrêmement difficile et j’étais tellement obsédé par la médaille d’or que j’avais du mal à dormir. Nous, les jeunes Africains, avons prouvé que nous étions capables d’accomplir des exploits incroyables. Nous avons obtenu cinq médailles, c’est vraiment énorme. »

Pour le plus grand plaisir des spectateurs brésiliens, Maicon Siqueira a raflé la médaille de bronze, ajoutant une deuxième récompense olympique au palmarès du Brésil en taekwondo. L’autre médaille de bronze a été décernée au taekwondoïste de la République de Coréé Cha Dong-min, qui a fait son retour sur le podium après sa victoire aux Jeux de Beijing 2008.

Espinoza, championne à Beijing, s’incline face à Zheng

La Chinoise Zheng Shuyin a été sacrée championne olympique dans la catégorie féminine des + 67 kg. L’athlète médaillée d’argent aux Mondiaux chez les -73 kg s’est mesurée à la Mexicaine María del Rosario Espinoza, déjà double médaillée olympique. Zheng, plus grande que son adversaire, a su faire de sa taille un atout pour prendre le dessus et maîtriser le combat, qui s’est conclu sur un score de 5-1.

« Je suis très grande et mes jambes sont plus longues que celles de mes adversaires », a confié la nouvelle championne olympique au sujet de sa stratégie. « Quand j’attaque, mon adversaire peut rapidement contre-attaquer et c’est là que je risque de perdre des points. Je me suis souvent battue contre ces filles. Elles connaissent mes points forts et savent comment se défendre. J’ai dû légèrement adapter ma stratégie. J’étais fatiguée, mais María aussi. Vu mon état, je trouve que je m’en suis très bien tirée aujourd’hui. »

Avec cette médaille d’argent, Espinoza a complété sa collection, qui comptait déjà une médaille d’or obtenue à Beijing 2008, et une de bronze, souvenir de Londres 2012. La Britannique Bianca Walkden, championne du monde en titre, n’a pas fait le poids face à Zheng en demi-finale, mais elle s’est rattrapée en terminant troisième. L’autre médaille de bronze est revenue à l’Américaine Jackie Galloway qui a battu la Française Gwladys Épangue, médaillée de bronze à Beijing en 2008 et double championne du monde.

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