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Actions et émotions sur la piste aux étoiles de l’escrime à Rio 2016

Avec dix pays médaillés dans toutes les armes, l’escrime a démontré son aura internationale à Rio 2016, mais ce sont la Russie, la Hongrie, l’Italie et la France qui se sont assurés le plus de places sur les podiums de l’Arena Carioca 3.

L’épée individuelle dames a ouvert les compétitions d’escrime sur la piste en étoile de l’Arena Carioca 3, au premier jour des compétitions de Rio 2016, le samedi 6 août, où La Hongroise Emese Szasz est devenue championne olympique en battant en finale l'Italienne Rosella Fiamingo, double tenante du titre mondial.

Emese Szasz, 33 ans, vice-championne du monde individuelle en 2010 et No 1 mondiale en 2010 et 2014, a mené un parcours conquérant, en dominant notamment la Japonaise Nozomi Sato 15-4 en quart de finale, puis la Française Lauren Rembi 15-6 en demi-finale. De son côté, Rosella Fiamingo a disposé de la Coréenne Injeong Choi 15-8 puis de la Chinoise Sun Yiwen 12-11.

En finale, Szasz a pris les devants au début du dernier relais, touchant par trois fois son adversaire italienne de 25 ans. Cette finale a longtemps été menée par Rosella Fiamingo, meilleure épéiste de ces trois dernières saisons, mais Szasz a tiré profit de son expérience, égalisant à 12 partout, puis marquant deux touches seule pour terminer sur une double touche (15-13).

Emese Szasz, ne pouvait pas croire à sa victoire. « Je réaliserai peut être dans quelques jours seulement. J’ai cru en moi et en mon escrime, et je l’ai fait! Mais je n’ai senti que j’allais gagner qu’à la fin, quand j’ai porté la dernière touche. »

Un peu plus tôt, la Chinoise Sun Yiwen avait décroché la médaille de bronze aux dépens de la Française Lauren Rembi (15-13). « C’est une journée fantastique, quel que soit le résultat, s’est réjouie Sun. Je me sens très heureuse d’être ici et de concourir aux Jeux Olympiques. »

Une première pour la Roumanie à l’épée par équipes féminine

Cinq jours plus tard, le 11 août, les protagonistes de la compétition individuelle étaient de retour pour le tournoi par équipes, mais sans les deux finalistes, l’Italie et la Hongrie n’étant pas qualifiées pour ce tournoi. La Chine, avec la médaillée de bronze Sun Yiwen, et la France, qui comptait dans ses rangs Lauren Rembi, étaient en revanche présentes.

Si la France a été éliminée dès son entrée en lice en quart de finale par la Russie (44-31), la Chine (Hao Jialu, Sun Yiwen, Sun Yujie et Xu Anqi) n’a pas tremblé pour sortir l’Ukraine (45-36) puis l’Estonie (45-36) afin d’aller défendre le titre acquis à Londres en 2012.

Pendant ce temps, la Roumanie (Ana Maria Popescu, Simona Gherman, championne d'Europe individuelle en titre, Simona Pop et Loredana Dinu) a bien failli connaître la même mésaventure qu’à Londres 2012 : arrivées il y quatre ans comme favorites pour l'or, les Roumaines étaient tombées dès le premier tour contre la République de Corée. À Rio, elles sont passées près d'une autre déconvenue, cette fois face aux Américaines en quarts. Poussées à la mort subite, elles ont pu compter sur une Ana Maria Popescu très solide pour donner à la Roumanie la touche décisive (24-23) et se retrouver en demi-finales.

Après une demi-finale maîtrisée contre la Russie (45-31), la Chine, tenante du titre, s’est donc présentée devant les Roumaines. Avec à l'esprit une revanche à prendre sur la finale perdue en 2015 aux Championnats du monde à Moscou! Alors qu'en Russie elles avaient fait la course derrière avant de s’incliner, les Roumaines ont cette fois pris la partie par le bon bout. Popescu, Pop et Gherman ont fait monter l'écart à sept touches d'avance, suffisant pour faire rentrer Dinu, histoire de la faire participer à la fête et aux honneurs du podium olympique. Popescu était déjà montée sur un podium olympique, en 2008 à Beijing, médaille d’argent derrière l'Allemande Britta Heidemann. C'est elle qui a marqué la dernière touche contre la No 1 mondiale, Xu Anqi, 44-38.

La troisième place est revenue à la Russie (Olga Kochneva, Violetta Kolobova, Tatiana Logunova et Lyubov Shutova) qui a battu l'Estonie 37 touches à 31.

 « C’est contre les USA que nous avons le plus souffert, a expliqué Simona Popescu. Elles sont si douées, si fortes! L’escrime les amuse et nous ne nous sommes pas du tout amusées dans ce match. On était bloquées, on ne parvenait pas à concrétiser nos actions. Mais cela n’a aucune importance, c’est terminé! L’escrime, c’est le sport d’un jour. Aujourd’hui, c’était notre jour. Nous n’avions pas battu la Chine en deux ans, nous n’avions pas gagné contre la Russie lors de notre dernière compétition. C’était notre moment à nous! » 

Daniele Garozzo champion de la nouvelle génération du fleuret

L'Italien Daniele Garozzo, tout juste 24 ans, a remporté le 7 août le duel de la nouvelle génération du fleuret, face à l'Américain Alexander Massialas. Dans une finale complètement incertaine, Garozzo pensait avoir fait une différence impossible à rattraper en passant de 8-7 à 14-7. Mais Massialas, d'à peine deux ans son cadet, est coutumier des retours improbables. « Il a failli me faire la même chose que ce qu'il m'avait fait en Coupe du monde à Shanghai cette année. Je menais 12-5 en quarts de finale et il m'a battu 15-13 », a soufflé le nouveau champion olympique.

Garozzo a bien retenu la leçon contre un adversaire qu'il n'avait jamais battu, pour le match le plus important de sa jeune carrière de fleurettiste. « J'étais préparé pour ce genre de match, et je savais ce que c'était de se faire remonter », a expliqué l’Italien. Revenu à 14-11, Massialas était sur le point de faire le même coup qu'en quarts quelques minutes plus tôt, quand il s'était sorti du piège d'un autre Italien, Giorgio Avola, en remontant un handicap de six touches (7-13, puis 8-14). La pause d'une minute entre la première et la deuxième des trois périodes a permis à Garozzo de souffler et de conclure le match sur une dernière touche pour s’imposer, 15-11, et enlever son masque en sautant de joie à l'autre bout de la piste, avant même le verdict de la vidéo.

« Pour moi, c'était incroyable. Je savais que le point était pour moi. J'en étais sûr », a jubilé le natif de Catane en Sicilie. Il s’est ainsi adjugé le duel de cette nouvelle génération montante au fleuret, l'arme de référence pour l'escrime italienne, succédant à Alessandro Puccini, dernier Italien à s'être adjugé le titre olympique, à Atlanta en 1996, et dépassant de grands noms du fleuret des années 2000 comme Andrea Baldini ou Andrea Cassara, ses coéquipiers actuellement en équipe d'Italie, ou encore Salvatore Sanzo.

Massialas, entraîné sur le bord de la piste par son père Gregory, a perdu sa deuxième finale de rang, après le revers de l'an passé aux Championnats du monde de Moscou, manquant l'occasion de devenir le premier Américain champion olympique en escrime chez les messieurs. No 1 mondial cette année, il représente toutefois avec Garozzo l'avenir de la discipline et les deux hommes peuvent déjà se donner rendez-vous à Tokyo dans quatre ans.

Le Russe Timur Safin, battu 15-8 en demi-finale par Garozzo, et l’Allemand Richard Kruse, dominé au même stade 15-9 par Massialas, se sont affrontés pour la médaille de bronze. Safin est monté sur le podium en remportant cet assaut 15-13.

La Russie renverse la vapeur face à la France et remporte le fleuret par équipes

Le fleuret hommes était de retour pour conclure les compétitions d’escrime à Rio, le 14 août. Les escrimeurs français, qui n’avaient pas dépassé les huitièmes de finale en individuel, sont cette fois arrivés jusqu’au match pour l’or, en éliminant la Chine (45-27) en quarts, puis avec autorité l’Italie du champion olympique Daniele Garozzo en demi-finale avec 15 touches d’avance (45-30). De leur côté, les Russes de Timur Safin, 3e en individuel ont disposé aux mêmes stades de la Grande-Bretagne (45-43) et des États-Unis (45-41).

En finale, Safin, Alexeï Cheremisinov, Artur Akhmatkhuzin et Dimitri Zherebchenko ont apporté à la Russie un titre qu'elle n'avait plus remporté depuis Atlanta en 1996. Et ils ont pris leur revanche sur la France qui les avait battus à deux reprises aux Championnats du monde, en 2013 à Budapest dans le match pour la 3e place, et en 2014 à Kazan en demi-finale.

© Getty Images

Tandis que la Russie a triomphé sur le score de 45-41, les Français (Erwan Le Péchoux, Enzo Lefort, Jeremy Cadot et Jean-Paul Tony Helissey) ont pu nourrir de gros regrets tant ils ont dominé dans un premier temps cette finale. Ils menaient en effet 25-16 après avoir remporté quatre des cinq premiers duels, puis 30-25. Les Russes ont alors commencé à prendre l’ascendant. L’avance de cinq touches (35-30) acquise au terme des sept premières reprises a fondu lors du seul duel disputé par le remplaçant Jean-Paul Tony Helissey, sévèrement dominé par Artur Akhmatkhuzin 10 touches à 3. Passés devant au score (40-38), les fleurettistes russes n’ont plus rien lâché et Erwan Le Péchoux, brillant jusqu'alors (deux duels, dix touches à trois), n'a pu renverser la tendance dans le dernier relais contre Alexey Cheremisinov.

« Nous croyions dans notre victoire, a dit Artur Akhmatkhuzin. Jusqu’au moment où la dernière touche a été portée, vous n’avez pas encore perdu. L’expérience des dernières années dans des situations identiques a joué un grand rôle pour nous. C’est le sport et cela peut arriver. Il y a aussi des exemples où nous gagnions et où les autres nous rattrapaient », Alexey Cheremisinov résumant d’un mot cette superbe victoire : « C’est magique! »

L’équipe des États-Unis (Miles Chamley-Watson, Alexander Massialas, Gerek Meinhardtet Race Imboden) a remporté la médaille de bronze en battant l’Italie (Andrea Baldini, Giorgio Avola et Daniele Garozzo) 45 touches à 31.

Une première pour la République de Corée à l’épée, avec Park Sang-young

Le 9 août, Park Sang-young est devenu le premier athlète de la République de Corée à remporter le titre olympique individuel à l'épée, dans une arme qui devient véritablement internationale, puisqu’en 2012 à Londres, c’est le Vénézuélien Ruben Limardo Gascon qui avait triomphé. Et pour atteindre le Graal olympique dans la Carioca Arena 3, Park a renversé des montagnes. Comme cette finale contre le vétéran hongrois Geza Imre, champion du monde en titre et qui à 41 ans visait le sacre suprême à Rio.

Mené 14-10, Park a enchaîné cinq touches pour venir à bout d'Imre, un miracle en épée, qui est la seule arme de l'escrime à accepter les touches doubles. Quand il a porté la 15e touche décisive, Park a explosé de joie sur la piste en étoile. « Mon adversaire a attaqué au bras, j’ai donc attaqué au même endroit, raconte Park à propos de son improbable retour. C’est très inconfortable pour moi, Imre connaissait mon point faible, il a pu prendre l’avantage là-dessus. Il a pratiqué une escrime très agressive, je le savais, mais je l’avais en quelque sorte oublié. Mais quand le score est arrivé à 14-10, c’est là que j’ai commencé à m’en souvenir et je me suis mis à tirer dans le même style agressif ».

« Je savais que Geza était un super escrimeur et un adversaire très difficile. Mais je n’y ai pas trop pensé en débutant la finale. Il a beaucoup d’expérience, il est très fluide, mais j’avais la vitesse de mon côté. Et c’est avec cette vitesse que je suis entré dans le match en essayant de gagner de cette façon. »

De neuf ans le cadet du Hongrois, le Français Gauthier Grumier, No 1 mondial, a disputé sa dernière rencontre individuelle en grand championnat, en décrochant la médaille de bronze. Venu à Rio avec l'objectif de remporter l'or, le grand favori de l'épreuve n'a chuté que sur Imre, sa bête noire puisqu'il s'était déjà incliné contre lui en finale des Mondiaux 2015 à Moscou. Grumier, qui a dominé l'épée masculine ces trois derniers années, s'est défait du Suisse Benjamin Steffen dans la petite finale, 15-11.

La France décroche la médaille d’or de l’épée par équipes

Les Français Gauthier Grumier, Yannick Borel, Daniel Jérent et Jean-Michel Lucenay ont décroché le titre olympique de l’épée par équipes, en prenant le meilleur sur leurs éternels rivaux italiens (Enrico Garozzo, Marco Fichera, Paolo Pizzo et Andrea Santarelli) à qui ils n’ont laissé aucune chance. Ils ont mené du début à la fin, maintenant un important écart au nombresde touches pour conclure 45-31. La médaille de bronze est revenue à la Hongrie, vainqueur de l'Ukraine (39-37).

Dans cette bande de copains, en concurrence interne extrêmement forte pour obtenir une place, quand l'un flanche, les autres sont là pour prendre le relais. à Rio, c'était Grumier qui n'était pas dans son assiette. « J'ai l'impression d'être un peu le boulet de l’équipe », a reconnu le N°1 mondial après la victoire en demies face à la Hongrie 45-31. Lors de cette journée dorée, c'est Yannick Borel, le « bulldozer » de Pointe-à-Pitre comme aime le surnommer l'entraîneur national Hugues Obry, qui a pris le relais pour terminer les parties. Dans une situation inconfortable avec seulement une touche d'avance contre la Hongrie en demi-finale, il a marché sur son adversaire, comme à son habitude, avec son physique impressionnant (1,96 m, 102 kg).

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Cerise sur le gâteau, le remplaçant Jean-Michel Lucenay est rentré en finale, pour connaître les joies du podium olympique. En 2008, il avait regardé ses équipiers Ulrich Robeiri, Fabrice et Jérôme Jeannet de loin, déjà remplaçant mais privé de médaille d’or.

« On est super heureux parce que ça vient couronner quatre ans de travail, quatre ans où on a souffert, on a transpiré, on s'est accroché. On n'y croyait pas beaucoup forcément au début. Hugues Obry a su nous transmettre ça, l'envie d'y aller, l'envie de gagner ce truc-là. Et on a réussi à le faire, c'est juste énorme, a dit Gauthier Grumier. Merci à Hugues. J’ai deux médailles ! Mais encore une fois, je remercie le collectif. Si on n'avait pas eu ces gars-là pour s'entraîner avec nous, jusqu'en juillet, je ne pense pas qu'on aurait réussi un tel exploit. »

Le sabre russe féminin au sommet

Les deux épreuves féminines au sabre à Rio 2016 sont revenues à la Russie. Yana Egorian, titrée en individuel le 11 août, l’a aussi emporté par équipes 48 h plus tard.

La jeune Yana Egorian (22 ans), qui représente la nouvelle génération du sabre et est une valeur montante de la discipline, n'avait décroché qu'une médaille importante en individuel dans sa carrière, le bronze aux Championnats du monde de Kazan (Russie) en 2014. Mais à Rio, elle a remporté tous ses tours avec un minimum de cinq touches d’écart, éliminant dans son parcours vers l’or l’Italienne Loreta Gulotta 15-4 en quarts et l’Ukrainienne multi-médaillée mondiale et olympique Olha Kharlan 15-9 en demi-finale. Sa compatriote Sofya Velikaya, championne du monde 2015 et No 1 mondiale, a pour sa part dû écarter trois Françaises, Charlotte Lembach en huitièmes (15-14), puis Cécilia Berder (15-10) et Manon Brunet sur une touche (15-14) pour déboucher sur une finale 100 % russe.

Dans le match pour l’or, Velikaya a vite pris l'avantage, avant de marquer un peu le pas juste avant la pause (8-5). Egorian est ensuite parvenue à revenir à égalité (8-8) et à inquiéter la No 1 mondiale, 12-12 puis 13-13 et enfin au bout du suspense (14-14), avant de marquer la touche décisive et d’exploser de joie.

« C’est la plus grande victoire de ma vie! C’est quelque chose que tout le monde veut accomplir, s’est exclamée Yana Egorian. Tirer contre ma coéquipière, c’était l’assaut le plus difficile qui soit, parce que Sofya avait autant droit à ce titre que moi et qu’il ne peut y avoir qu’une gagnante. Je me suis imposée parce que je me suis entraînée très dur. Je tiens à remercier mon entraîneur, mes parents et tous les gens que je connais. »

Émotions mitigées pour Sofya Velikaya : « Je suis assez contente, mais pas totalement satisfaite, parce que je termine avec une défaite. Juste après avoir perdu, j’étais ennuyée et triste, mais maintenant, je suis heureuse que la Russie ait gagné deux médailles et que j’ai eu l’argent. En finale, je n’ai pas été assez mobile. La compétition, c’est un duel entre deux personnes, il y a donc quelqu’un qui a raison, et quelqu’un qui a tort, mais tout le monde a sa tactique et j’ai fait quelques erreurs.»

Olga Kharlan a décroché le bronze en battant Manon Brunet (15-10), lors du match pour la troisième place.

Premier titre olympique au sabre pour la Russie

Le 13 août, la Russie a étendu son règne sur le sabre féminin mondial, en décrochant son premier titre olympique par équipes féminin, en dominant la formation ukrainienne en finale avec dans ses rangs Yana Egorian et Sofya Velikaya.

Dans une arme où les scores sont souvent serrés et les retournements de situation très nombreux, les championnes du monde en titre n'ont laissé aucune chance aux Ukrainiennes Olga Kharlan, Alina Komashchuk, Olena Kravatska et Olena Voronina en finale. Yana Egorian, Yuliya Gavrilova et Sofya Velikaya ont remporté les trois premiers relais et se sont ainsi offert sept touches d'avance (15-8), un écart qu'elles ont fait fructifier à onze touches (35-24), notamment grâce à Yulia Gavrilova.

Les sabreuses de la Volga n'ont finalement jamais tremblé dans leur parcours, battant le Mexique 45-31 en quarts de finale, puis les Etats-Unis 45-42 en demi-finale, avant de l’emporter assez facilement (45-30) en finale. Même si la méfiance a été de mise jusqu'au bout côté russe, avec Olga Kharlan comme dernière tireuse. L‘Ukraine avait éliminé la République de Corée (45-40), puis l’Italie (45-42) pour s’assurer l’or ou l’argent.

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La troisième place est revenue aux Américaines, emmenées par la double championne olympique Mariel Zagunis (2004, 2008), Dagmara Wozniak, Monica Aksamit et Ibtihaj Muhammad, qui ont battu l’Italie (Rossella Gregorio, Loreta Gulotta, Irene Vecchi et Ilaria Bianco) 45-30.

Pour Sofia Velikaya, qui avait échoué en finale contre Egorian en individuel, ce titre arrive à point nommé alors qu'elle disputait à 31 ans ses derniers Jeux Olympiques. « C’est très important que nous ayons toutes gagné, a-t-elle dit. C’est un bel effort collectif. Quand vous tirez en individuel, vous avez plus de temps. Mais ici, ce ne sont que cinq touches et vous sortez de la piste, vous devez passer le relais. C’est une joie sans pareil. Je ne peux pas décrire çà avec d’autres mots. »

Aron Szilagyi dans la légende, Inna Deriglazova brise l’hégémonie italienne

Les deux épreuves uniquement individuelles à Rio 2016, le sabre hommes et le fleuret dames, se sont déroulées le même jour, samedi 13 août. Le Hongrois Aron Szilagyi a réalisé un exploit très rare en conservant, à 26 ans, son titre olympique au sabre, alors que la Russe Inna Deriglazova a mis fin à l'hégémonie italienne au fleuret féminin en prenant le meilleur sur la tenante du titre Elisa Di Francisca.

Aran Szilagyi est donc un champion qui se réserve pour les Jeux Olympiques. En 2012, il n'avait que 22 ans et avait surpris tout le monde de l'escrime en s'imposant à Londres. Autant dire qu'à Rio, il était très attendu. Dans la très longue liste des favoris au titre, il a été le seul à tenir son rang. Le champion du monde 2015 et No 1 mondial, le Russe Alexeï Yakimenko, a été sorti dès son premier match par le Bulgare Pancho Paskov, classé au-delà de la 300e place mondiale.

Gu Bon-gil (République de Corée), No 2 mondial, éliminé par la révélation du tournoi de Rio, l'Iranien Mojtaba Abedini, 4e, ou encore le Russe Nikolaï Kovalev, champion du monde 2014, ont connu le même sort que Yakimenko.

Szilagyi, 3e au classement de la FIE, s'est donc engouffré dans la brèche pour battre en finale l'Américain Daryl Homer, dans un match où il n’a jamais été en danger, 15-8. Il entre dans la légende du sabre en réalisant le doublé, comme ses compatriotes Jeno Fuchs (1908-1912), Rudolf Karpaty (1956-1960), le Soviétique Viktor Krovopuskov (1976-1980) et le Français Jean-François Lamour (1984-1988).

« Quand je me suis entraîné cet été, j'avais à l'esprit le fait de faire le doublé et de rejoindre ces légendes du sabre », a expliqué Szilagyi. Désormais, son regard se tourne vers Tokyo et un triplé que seule l'Italienne Valentina Vezzali (2000, 2004, 2008) a réalisé en escrime, au fleuret.

Première africaine au Brésil

Valentina Vezzali ne s'était pas qualifiée pour Rio et, en son absence, Elisa Di Francisca, tenante du titre (elle avait battu sa compatriote Ariana Errigo en finale à Londres) n'a pas réussi à entretenir l'hégémonie italienne sur le fleuret féminin. C'est la Russe Inna Deriglazova, championne du monde en titre, qui a mis fin à seize années de domination sans partage de l'Italie sur cette arme. La « faute » aussi à l'entraîneur du fleuret russe, le champion olympique Italien Stefano Cerioni, coach de ses compatriotes il y a quatre ans et parti à Moscou après les Jeux de Londres pour s'occuper des fleurettistes de la Volga.

Inna Deriglazova s’est montrée intraitable dans son parcours à partir des seizièmes de finale, remportant tous ses tours avec un minimum de 9 touches d’écart, pour accéder à la finale sur un sévère 15-3 face à sa compatriote Aida Shanayeva. Elisa Di Francisca ne s’est pas non plus mise en danger pour aller défendre son titre, arrivant dans le match pour l’or en battant la Tunisienne Ines Boubakri 15-11.

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En finale, Deriglazova s’est détachée 12-7 avant de se faire une frayeur en laissant Di Francisca revenir à 12-11 à trois secondes de la fin. « Je n'avais qu'une seule idée, courir pour qu'elle ne me touche pas pendant ces deux ou trois secondes », a-t-elle expliqué. Au terme des trois périodes de trois minutes, le score en est donc resté là.

Inès Boubakri est allée chercher la médaille de bronze, la première pour une femme africaine à l’escrime, en battant Aida Shanayeva 15-11. « Cette médaille est historique pour la Tunisie. C'est incroyable. J'espère que ce sera un message pour tous les Tunisiens, surtout pour les jeunes, la femme tunisienne, la femme arabe. Pour tout dire, il faut y croire, la femme existe, elle a sa place dans la société », a-t-elle lancé.
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