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Douze mois après avoir détrôné Phelps, Schooling veut « récupérer [son] bien »

Le 12 août 2016, Joseph Schooling est devenu le premier Singapourien à remporter une médaille d’or olympique. Il a réalisé cet exploit sur le 100 m papillon masculin, l'une des épreuves de prédilection d'un certain Michael Phelps. Après avoir atteint un tel sommet, redescendre sur terre n'est jamais chose aisée.

« Rares sont ceux qui peuvent se vanter d'avoir regardé Michael de haut sur un podium », constate avec malice Joseph Schooling, aussi à l'aise avec la litote que dans son couloir.

Le jeune homme de 22 ans restera à jamais marqué par cette course, sans doute l'une des plus haletantes des Jeux Olympiques de Rio 2016. Le Michael en question n'est autre que Phelps, le nageur américain aux 23 médailles d'or olympiques. L'athlète olympique le plus titré de tous les temps était arrivé au Brésil avec la ferme intention de vivre un quatrième sacre consécutif dans le 100 m papillon. Sur les plots de départ se dressaient également Chad Le Clos, champion du monde 2013 et 2015 du 100 m papillon, ainsi que Laszlo Cseh, champion du monde 2015 du 200 m papillon.

« Tout ce dont je me souviens, c'est d’être sorti du tunnel pour rejoindre le bassin. J'étais très excité. J'avais le trac. Tout était plus intense. Mes sens étaient plus affûtés que jamais », raconte Schooling.

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« J'étais terriblement concentré.  Quand on nage dans cet état, on ne se souvient généralement pas de la course elle-même. Je me suis retrouvé dans les 15 ou 20 derniers mètres et tout à coup, boum ! J'ai touché le mur. »

Effectivement, Schooling a touché le mur, en 50 s 39, avec 79 centièmes d’avance sur Phelps, Le Clos et Cseh. Les trois poids lourds de la discipline en ont été réduits à lutter pour l'argent.

Les mots peinent à exprimer la portée de l'exploit réalisé par Schooling. Notre interlocuteur tente de décrire les « sentiments incroyables » ressentis ce jour-là, mais il doit finalement se contenter d'un simple : « C'était un succès vraiment remarquable. »

 

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Ce dénouement digne d'un scénario hollywoodien lui a évidemment valu l'attention de tous les médias. Une photo du jeune Schooling aux côtés de Phelps en 2008 n'a pas tardé à faire le tour du monde. Âgé de 13 ans à l'époque, le futur champion olympique arborait des lunettes, un appareil dentaire et un regard ému. Le cliché avait été pris lors d'un stage de l'équipe américaine à Singapour, pendant la préparation des Jeux de Beijing. L'image n'a pourtant pas joué un si grand rôle dans la carrière de Schooling.

« Je n'ai jamais oublié ce moment », précise d'entrée l'intéressé, qui révisait pour un examen quand sa mère lui a annoncé que son héros se trouvait dans la piscine voisine. « Mais je n'ai pas accroché la photo dans ma chambre. Je ne l'ai même jamais développée. Elle est restée dans l'appareil de ma mère. »

« La façon dont les choses ont tourné est plutôt sympa. Quelle coïncidence, quand même ! Pourtant, même si je n'avais pas gagné, cette image garderait la même importance à mes yeux ; simplement, tout le monde s'en moquerait. »

 

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Quoi qu'il en soit, à l'issue des Jeux de Rio, Schooling, à 21 ans seulement, avait déjà réalisé la plupart de ses rêves. Faisant le choix de la raison, le premier Singapourien à remporter une médaille aux Jeux du Commonwealth et aux championnats du monde, ainsi que l'or olympique, a décidé de prendre le reste de l’année 2016 pour savourer et se reposer.

« J'ai fait beaucoup de choses loin des bassins, sur lesquelles je préfère ne pas m'étendre », dit-il lorsqu'on l'interroge sur ces quatre mois de liberté.

Sans surprise, les performances de l'étudiant de l'université du Texas ont connu une baisse sensible depuis son retour à la compétition, il y a huit mois de cela.

 

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« C'était vraiment très dur de me motiver pour reprendre l'entraînement après Rio. Ça s'est vu », reconnaît notre interlocuteur. Après avoir dominé les championnats universitaires américains NCAA les deux saisons précédentes, avec quatre titres individuels et plusieurs records, Schooling est rentré dans le rang. Relégué à la deuxième place du 100 m papillon, il n'a même pas atteint la finale du 200 m papillon.

« Pour être franc, je suis déçu de mes performances. Je ne me suis pas entraîné aussi sérieusement que par le passé, notamment dans les mois qui ont précédé Rio. »

Les championnats du monde de Budapest en juillet dernier n'ont fait qu'ajouter à sa frustration. Cinquième du 50 m papillon, Schooling a ensuite pris le départ du 100 m papillon, son épreuve phare. Il a finalement arraché la médaille de bronze en 50 secondes 83, un temps inférieur de près d'une demie seconde à celui qui lui avait permis de s'imposer à Rio.

 

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« Maintenant, il faut que je cherche une autre source de motivation. Je dois trouver quelque chose pour repousser mes limites et je pense l'avoir découvert pendant ces championnats du monde. Je n'aime pas perdre et je n'aime pas me faire battre. J'ai été humilié dans cette compétition. »

« Si je veux renouer avec la victoire, il va falloir que je travaille dur. Mais j'ai très envie de gagner à nouveau. »

La montée en puissance de l'Américain Caeleb Dressel, son ancien coéquipier au lycée, peut constituer une autre forme de motivation. Le jeune homme de 19 ans a devancé Schooling au 100 m papillon des championnats NCAA au printemps, avant de le laisser dans son sillage sur la même distance à Budapest. En Hongrie, Dressel a empoché pas moins de sept titres.

 

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« Je me suis fait battre sur ma distance. Ça n'est pas normal », poursuit Schooling. « L'avènement de Caeleb et la déception que j'ai ressentie vont me pousser à faire mieux l'année prochaine et à récupérer mon bien. »

De fait, Dressel s'est imposé à Budapest en 49 s 86, à 4 centièmes du record du monde de Phelps. Voilà un argument de plus qui devrait convaincre Schooling de redoubler d’efforts à l’entraînement.

« Il n'y a pas de raccourci, pas de secret : il faut travailler sans relâche. Il n'y a qu'un seul chemin qui mène à la victoire et je compte bien tirer les leçons de mes erreurs. »

 

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