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Un « plateau » de rêve à Deodoro !

Il y a eu du suspense à tous les étages lors des épreuves de tir aux plateaux des Jeux de Rio 2016. De la plus jeune championne olympique (l’Australienne Catherine Skinner, 26 ans), au plus vieux médaillé (l’athlète indépendant Abdullah Al-Rashidi, 52 ans), en passant par l’inamovible Kimberly Rhode, qui a établi un record de 6 médailles individuelles consécutives aux Jeux d’été, les moments d’émotion n’ont pas manqué à Deodoro!

Catherine Skinner a apporté à l’Australie sa 3e médaille d’or à Rio, grâce à sa persévérance dans une finale du trap particulièrement tendue au centre de tir de Deodoro, le 7 août. Postée au 13e rang mondial et disputant ses premiers Jeux Olympiques à 26 ans, la tireuse sportive originaire de Mansfield dans l’état de Victoria a pris le meilleur en finale sur la Néo-Zélandaise Natalie Rooney, en fracassant avec sa carabine 12 des 15 plateaux, quand sa rivale en a manqué un de plus. Elle est ainsi devenue la deuxième championne olympique australienne du trap après Suzanne Balogh en 2004 à Athènes.

L’Américaine Corey Cogdell, qui disputait à Rio ses troisièmes Jeux, a gagné la 2e médaille de bronze olympique de sa carrière après un tir de barrage face à l’Espagnole Fatima Galvez, puisque les deux concurrentes avaient préalablement réussi un 13 sur 15 dans leur match pour la troisième place.

Skinner, qui est basée à Melbourne et qui a démarré sa carrière internationale en 2006, a accédé directement au match pour l’or avec un 14 sur 15 dans la demi-finale qui mettait aux prises six concurrentes. Rooney et Cogdell ayant chacune manqué deux plateaux, elles ont dû se départager sur un tir. Rooney a marqué pour rejoindre Skinner en finale, et Cogdell a dû se contenter de disputer le duel pour le bronze.

Catherine Skinner était tellement heureuse d’avoir remporté la troisième médaille d’or de l’Australie à Rio qu’elle a eu du mal à décrire ses émotions. « Je ne peux pas, parce que je ne réalise pas encore. C’est un de ces rêves qui est toujours présent, et vous espérez toujours le meilleur, en continuant à progresser. Au bout du compte, c’est du sport et tout se décide sur un jour. Toutes les concurrentes ici auraient pu gagner, mais aujourd’hui, il se trouve que c’était mon jour! »

Retenant ses larmes, Skinner a ajouté : « Le chemin a été difficile. J’ai toujours été la demoiselle d’honneur, jamais la mariée. Il y a donc eu beaucoup d’argent, beaucoup de bronze, et maintenant j’ai l’or. Il y a eu beaucoup de larmes, beaucoup de colère dans la construction de ce résultat. Je suis sûre qu’il y a plein de gens à la maison qui disent ‘Je vous l’avais bien dit!’ On ne peut tout simplement jamais savoir. »

La championne olympique en titre Jessica Rossi, qui avait battu le record du monde lors de sa victoire à Londres 2012, a fini 6e. Le concours de la policière italienne s’est arrêté en demi-finale où elle a manqué 5 des 15 plateaux. La No 1 mondiale Ray Bassil, qui espérait bien apporter son premier titre olympique au Liban, a quitté la compétition dès les qualifications. Tout comme la Finlandaise Satu Mäkelä-Nummela, championne olympique 2008 à Beijing.

Josip Glasnovic au bout du suspense en trap masculin

La deuxième épreuve de tir aux plateaux disputée le 8 août, le trap messieurs, a vu l’officier de l’armée croate Josip Glasnovic remporter un tir de barrage au suspense insoutenable en finale face au multi-médaillé italien Giovanni Pellielo pour s’adjuger la médaille d’or.

Dans le duel final, le tireur sportif originaire de Zagreb, 33 ans, s’est retrouvé à égalité 13-13 (deux plateaux manqués sur quinze) avec Pellielo et a réussi à garder son calme pour s’imposer à la mort subite, 4-3. « Je me suis juste concentré sur les plateaux, j’ai fait simple, » a expliqué Glasnovic après sa victoire. Le fermier britannique du Somerset Edward Ling a pris la 3e place en dominant nettement le Tchèque David Kostelecky 13-9 dans le match pour le bronze.

Pour Pellielo, 46 ans, ce résultat a un air de déjà vu dans la mesure où c’est sa troisième médaille d’argent après celles d’Athènes 2004 et de Beijing 2008, sans oublier le bronze qu’il a remporté en 2000 à Sydney! Le Croate Giovanni Cernogoraz, qui l’avait battu il y a quatre ans à Londres et qui avait remporté le titre, ne s’est pas extrait des qualifications, finissant 9e alors que seuls les six meilleurs se sont qualifiés pour la finale. Le champion olympique 2004 Alexey Alipov a pour sa part manqué la finale pour une place, mais celui des Jeux de Beijing Kostelecky a réussi à s’y faufiler en terminant 5e de ces qualifications, dominées par Pellielo.

Glasnovic a tracé sa route en demi-finale en réussissant un parfait 15 sur 15. Peielo n’a manqué qu’un seul de ces plateaux oranges pour le rejoindre dans le duel final. Là, Glasnovic a été le premier à manquer la cible à son 6e tir, mais Peielo a connu dans la foulée deux échecs successifs. Glasnovic a encore manqué son 13e tir et les deux tireurs se sont retrouvés à égalité 13-13, ce qui a débouché sur un barrage à couper le souffle dont le champion croate est sorti vainqueur.

« J’ai vraiment bien tiré, j’étais très concentré, j’ai tout donné, a expliqué Josip Glasnovic. Après les qualifications, je n’ai pas regardé les scores, car je ne voulais pas savoir à quel endroit du tableau j’étais. Mais je savais que j’étais parmi les meilleurs car j’avais bien maîtrisé le vent. Aujourd’hui, je me suis dit que je devais tirer au meilleur niveau possible. » Quand on lui demande ce qu’il a ressenti après avoir vu monter le drapeau croate sur le podium, Glasnovic répond : « Je ne sais pas, je ne sais pas. Des larmes. »

« Cette médaille est spéciale, puisque je l’obtiens à 46 ans, a remarqué Giovanni Pellielo. Ce barrage en finale, c’était comme un but en or. Je n’ai manqué qu’un plateau, je suis donc passé tout prés. C’est ainsi. Chaque fois que je monte sur un podium, c’est vraiment important, et c’est à chaque fois différent par rapport à la fois précédente. Je suis vivant, je vais continuer la compétition! »

A 49 ans et à ses sixièmes Jeux, Fehaid Aldeehani décroche l’or du double trap!

Présent sur les pas de tir depuis Barcelone en 1992, Fehaid Aldeehani a surmonté les difficiles conditions météo pour s’imposer en finale du double trap, le 10 août face à l’Italien Marco Innocenti.

Fehaid Aldeehani, qui disputait les Jeux de Rio en tant qu’athlète olympique indépendant, s’est joué du vent et de la pluie pour battre Marco Innocenti dans le duel final pour l’or, fracassant 26 plateaux (ils sont lancés simultanément par deux, d’où le nom de l’épreuve) sur 30, contre 24 à son rival italien. Dans un match pour la médaille de bronze 100 % britannique, Steven Scott a dominé Tim Kneale en réalisant le score parfait : 30.

La finale a tourné au 8e lancer de plateaux, quand Innocenti les a manqués tous les deux. Il a alors pris deux points de retard et n’a pas réussi à combler ce déficit. Solide jusqu’au bout, Aldeehani a ainsi pu lever les bras pour fêter la victoire après avoir pris le bronze à Sydney 2000 et à Londres 2012.

« Gagner finalement la médaille d’or, ça veut dire beaucoup pour moi, c’est très spécial, a dit le vainqueur. Ça a été une journée très difficile, mais j’ai réussi à passer à travers. Cet exploit est le mien. Le message est qu’il n’est jamais trop tard. Je me sens jeune et je suis en forme. En tir sportif, vous devez avoir de l’expérience. Et la confiance en soi dépasse l’âge. »

Bien que déçu de n’avoir pas gagné, Innocenti, 37 ans, n’en était pas moins ravi d’avoir gagné la médaille d’argent : « Je suis très fier de ce que j’ai accompli. J’aurais préféré gagner l’or, mais je suis fier de cette médaille. Je savais que c’était peut-être ma dernière participation aux Jeux Olympiques. Il y avait donc beaucoup de pression, et une fois que j’ai su que j’avais la médaille assurée après les demi-finales, j’ai commencé à pleurer. Finalement j’ai atteint le podium. J’ai couru après ce résultat pendant 20 ans! »

Le médaillé de bronze Steven Scott a admis ressentir des sentiments contrastés après avoir battu un compatriote pour la dernière place sur le podium. « Je ressens sa déception. Il tire très bien lui aussi. Je m’excuserai auprès de lui plus tard. »

No 1 au classement de l’ISSF, l’Australien James Willett s’est qualifié en seconde position pour la finale à six, derrière l’Allemand Andreas Loew, mais il a fini à la 5e place après un avoir perdu un tir de barrage à trois en demi-finale, face à Steven Scott et Tim Kneale.

Diana Bacosi en or au terme d’un duel 100 % italien en skeet, Kim Rhode dans la légende

Dans une finale du skeet féminin 100 % italienne, le 12 août, Diana Bacosi, qui disputait ses premiers Jeux Olympiques, a dominé Chiara Cainero, sacrée à Beijing 2008, pour s’adjuger la médaille d’or du skeet. « Je ne peux pas y croire. Extraordinaire, a dit Diana Bacosi folle de bonheur. J’ai tellement travaillé ! J’ai fait tant de sacrifices pour venir jusqu’ici. Je suis si contente! »

La nouvelle championne olympique, qui n’a raté qu’un seul des 15 plateaux en finale, alors que sa coéquipière et rivale en a manqué deux (score final : 15-14), a expliqué qu’elle ne s’attendait pas à aller si loin dans la compétition. Mais également qu’affronter une veille amie était un sentiment pour le moins étrange.

« Nous sommes très proches avec Chiara. C’était génial et très émouvant de l’affronter. J’ai également dû me battre contre mes sentiments. Mais je suis vraiment fière d’avoir dominé une autre médaillée d’or. Mon plan initial était d’aller en demi-finale puis de jouer mon jeu et de tout donner. Peut-être que c’était mon heure et mon jour… »

Dans le match pour la médaille de bronze, l’Américaine Kimberly Rhode et la Chinoise Wei Meng se sont retrouvées à égalité parfaite 15-15, elles ont disputé un tir de barrage dont Rhode est sortie gagnante 7-6. L’Américaine, qui avait disputé ses premiers Jeux à Atlanta en 1996 s’adjugeant l’or du double trap à 17 ans, a remporté ici sa sixième médaille consécutive en six Jeux Olympiques, égalant le record du lugeur Armin Zöggeler aux Jeux d’hiver! En effet, Kimberly Rhode n’a pas fait que rejoindre le club très sélect des six olympiens qui ont gagné six médailles dans six Jeux Olympiques d’été (l’escrimeur hongrois AladárGerevich, le cavalier allemand Hans Günter Winkler, la pagayeuse allemande Brigit Fischer, la rameuse roumaine Elisabeta Lipa et la cavalière néerlandaise Anky Van Grunsven), elle est la seule à l’avoir fait uniquement dans des épreuves individuelles et de manière consécutive!

Or en double trap à Atlanta 1996, bronze à Sydney 2000, or à nouveau à Athènes 2004, puis passage au skeet après que le double trap féminin a été retiré du programme, pour gagner l’argent à Beijing 2008, son 3e titre à Londres 2012, et ce bronze en terre carioca! « Les Jeux Olympiques, pour moi, c’est un voyage, a expliqué Kim Rhode. C’est surmonter les hauts et les bas, les obstacles, le bon, le mauvais. J’ai toujours dit que le bronze, c’était difficile, alors que l’or, c’est aisé. » Et de conclure bien évidemment : « Je vais y retourner. Je vais essayer de disputer mes septièmes Jeux et j’espère que ce ne seront pas mes derniers ! ».

Gabriele Rossetti dépasse son père en skeet masculin

A l’issue de la dernière épreuve de tir aux plateaux des Jeux de Rio 2016, le 13 août, Gabriele Rossetti a permis à l’Italie de remporter les deux compétitions hommes et dames de skeet au lendemain de la victoire de Diana Bacosi en finale face à Chiara Cainero. Avec les deux titres remportés par Niccolo Campriani à la carabine, l’Italie a terminé première nation du tir à Deodoro.

En finale, le policier Rossetti, 21 ans, qui disputait ses premiers Jeux, a fracassé la totalité des plateaux, un 16 sur 16 face au Suédois Marcus Svensson, 26 ans, qui pour sa part n’en a manqué qu’un. « Je suis le champion, je suis le champion et c’est tout! Je suis heureux », a lancé l’Italien, dont le père Bruno a gagné le bronze dans la même compétition à Barcelone 1992. « J’ai toujours imaginé que je pourraisgagner la médaille d’or. Mon père a eu le bronze. Je suis champion olympique à ma première participation. Je vais bien dormir ce soir! »

L’athlète olympique indépendant, le moustachu Abdullah Al-Rashidi, devenu un des chouchous du public, s’est adjugé le bronze, sa première médaille en six participations aux Jeux. Après avoir battu l’Ukrainien Mikola Milchev 16-14 dans la petite finale, le tireur de 52 ans a salué le public qui s’est mis à chanter « Moustache, moustache » en portugais.

« Je suis très heureux. Tellement heureux avec le peuple brésilien parce que je l’ai entendu me soutenir du fond du cœur. Merci beaucoup le Brésil », s’est exclamé Al-Rashidi qui s’est agenouillé pour embrasser le sol après son dernier tir synonyme de podium. « Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime les Brésiliens. Le Brésil est désormais dans mon cœur. Parce que ce sont les Jeux Olympiques et que j’ai remporté une médaille, je n’oublierai jamais le Brésil et Rio de Janeiro ».

Le double tenant du titre américain Vincent Hancock n’a pas participé à la fête. Il n’a pas réussi à se qualifier pour les demi-finales, alors qu’il visait la victoire pour devenir le premier tireur à remporter trois médailles d’or consécutives dans la même discipline. 

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